vendredi 31 octobre 2014

Les Bienveillantes

Titre : Les Bienveillantes
Auteur : Jonathan Littell
Pages : 897
Mon avis : 6/10

L'histoire de Maximilien Aue, personnage et narrateur qui nous fait vivre avec lui sa vie trépidante de membre de la Waffen SS. 



J'avoue que je m'attendais à un "vis ma vie de soldat SS dans un camp de concentration" avec une brute sadique, un détraqué avide de violence comme personnage principal. Et bien non, Aue est un intellectuel qui a fait de brillantes études et qui travaille surtout pour l'administration allemande (ce qui l'amène quand même à aller sur le terrain). Intellectuel, certes, mais narcissique, dépourvu de pitié, et de compassion. Il vit pour l'amour de l'ordre et la reconnaissance de sa hiérarchie. J'ai même été frappée par sa passivité malgré ses hautes fonctions. Il est très souvent assisté et ne s'implique pas souvent au premier plan de l'action. 

L'histoire quant à elle, marque par son hyper réalisme : scènes violentes, humiliantes, scabreuses, à la limite du voyeurisme. Il ne dit pas "Les conditions étaient difficiles" mais "les poux se détachaient dans l'eau bouillante par grappes entières, épais, gonflés, c'était hideux." 

Un des aspects qui m'a le plus interpellée pendant la lecture et que je regrette qu'il n'ait pas développé un peu plus, est les dérives morales et de conduite de certains individus (en général, ceux qui ont une fonction au plus proche de l'extermination des Juifs et des communistes) : comment un individu menant une vie tout à fait banale peut-il devenir un tyran sadique et prendre goût à la violence ? Est-ce du seul ressort du régime totalitaire ? Dans le fond, sommes-nous tous comme ça ? Qu'est-ce qui détruit notre pitié à voir souffrir nos semblables et nous fait faire des choses monstrueuses ? 

Comme il le dit à plusieurs reprises, ce livre n'a pas été écrit pour choquer et pour décrire les horreurs vécues par les Juifs. Il faut le lire comme un témoignage qui nous interpelle dans notre conscience individuelle et civique : le Bien, le Mal, la banalité du Mal, l'amour de l'ordre, la question de la responsabilité, la soumission au pouvoir, le déterminisme social ou racial... Et nous, qu'aurions-nous fait à cette époque ? 



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